Notre mouvement pense que les animaux meurtris par l’élevage méritent ni plus ni moins que le meilleur de nos capacités et moyens. Alors, Assiettes Végétales a décidé de creuser encore plus son impact et d’adapter sa stratégie en conséquence.
Certaines victoires sont flamboyantes, tandis que d’autres résultats nous amènent à questionner sérieusement notre mission. Comme toujours, nous vous partageons tout et vous proposons d’embarquer avec nous pour la suite du programme, parce qu’il est bon !
Notre estimation des vies animales épargnées
🕵️♀️ En novembre 2023, Assiettes Végétales a révélé sa première évaluation d’impact. Objectif : estimer le nombre de vies animales épargnées par notre mission et nos actions, ainsi que les économies de CO2 générées par une offre plus végétale dans la restauration universitaire et scolaire.
👉 Le rapport est toujours en téléchargement libre ici en français et ici en anglais. Ces résultats ne sont pas remis en question à ce jour.
👆 Nous avions alors estimé permettre de remplacer chaque année plus de 6,4 millions de repas à base de viande ou de poisson par des repas végétariens, voire végétaliens, dans la mesure où les restaurants collectifs accompagnés et les Crous engagés tiennent leurs engagements.
🐷 En outre, si la restauration scolaire française s’engageait vers la végétarisation des menus, entre 14,9 et 32,7 millions d’animaux d’élevage seraient épargnés chaque année.
🐟 Enfin, en tenant compte des dépenses annuelles de l’association et de l’impact de ses succès sur les vies animales jusqu’en novembre 2023, nous avions déterminé que chaque euro dépensé épargnait entre 0,8 et 1,7 vies animales.
Pourquoi aller plus loin ? Prendre en compte la souffrance animale
Lorsque nous avons réalisé notre mesure d’impact en novembre dernier, celle-ci avait malgré tout pour nous un goût d’inachevé : il y manquait la réduction de la souffrance animale, objectif central de notre association, qui n’avait pu être mesurée à ce moment.
En effet, toutes les vies en élevage ne sont pas égales en termes de souffrances, souffrances dont la durée et l’intensité varient selon les espèces et leurs conditions de vie en élevage. Par exemple, une poule moyenne passera environ 15 fois plus de temps en élevage qu’un poulet, et une poule élevée en cage souffrira bien plus qu’une poule élevée en plein air.
🎯 Conclusion : pour mieux prendre en compte ce que vivent les animaux, il nous fallait donc à la fois tenir compte de la durée et de l’intensité de leur souffrance.
Mesurer la réduction de la souffrance animale : défi relevé
Nous avons donc réagi cette année en relevant 6.400 menus de cantines du primaire, du secondaire et des universités.
1️⃣ Dans un premier temps, nous avons noté la proportion de repas non végétariens à base de poisson, poulet, dinde, bœuf, etc. Pour les repas végétariens, nous avons relevé les proportions de repas à base d’œufs, de produits laitiers ou encore 100% végétaliens.
2️⃣ Puis, nous avons utilisé les données de Faunalytics pour déterminer le nombre de jours en élevage nécessaires à la production de chaque produit d’origine animale.
➡️ Cela nous a permis de donner une estimation du nombre total de jours de souffrance économisés grâce à notre intervention, dont la méthodologie est explicitée à la fin de l’article. Cette deuxième analyse d’impact nous a amené·es à réévaluer notre approche actuelle pour les animaux.
Du végé à l’université : une campagne très efficace et aboutie
Après cinq années d’activité, Assiettes Végétales et ses soutiens ont remporté un succès majeur sur sa campagne historique visant à généraliser l’accès à une offre alimentaire plus végétale dans les menus de la restauration universitaire (35 millions de repas par an).
1️⃣ En effet, en 2023, l’administration responsable de la restauration universitaire française, le CNOUS, a annoncé que ses structures régionales et leurs 750 cantines étaient bel et bien parvenues à généraliser une option végétarienne quotidienne.
Mieux encore ! En septembre 2023, le CNOUS s’est engagé à augmenter drastiquement l’adoption des options végétariennes dans la restauration universitaire :
2️⃣ D’ici 2025 nous dit le CNOUS, 30 % des étudiantes et étudiants en France choisiront cette option chaque jour. Nous avons estimé que l’atteinte de cet objectif éviterait chaque année l’équivalent de 4,5 millions de jours de souffrance équivalente à celle d’un poulet à croissance rapide pendant un jour.
👇 Attention : description de souffrance animale dans ce paragraphe.
Pour vous donner une idée du niveau de souffrance qui ponctue la vie d’un poulet à croissance rapide, imaginez un poulet dont les pattes cèdent sous le poids de son corps, trop lourd pour les soutenir. Ses jambes cassées ne lui permettent plus de bouger tandis que son corps baigne parmi les déjections de ses congénères, le rendant atrocement malade. Un jour de sa vie équivaut à un peu plus de 2 heures de « disabling pain » ou douleur incapacitante.
3️⃣ De même, d’ici 2030, 50% des repas consommés chaque jour dans les cantines universitaires françaises seront végétariens. Nous estimons que l’atteinte de cet objectif éviterait chaque année l’équivalent de 10,3 millions de jours de souffrance équivalente à celle d’un poulet à croissance rapide pendant un jour.
🚀 Enfin, nous estimons que ces progrès auraient eu 40% moins de chances d’advenir si Assiettes Végétales n’avait pas mené campagne dans la restauration universitaire ou si elle n’avait pas eu les moyens de le faire.
Introduire un 2ème jour végé hebdomadaire pour tou·tes dans les cantines scolaires : efficace pour l’environnement et la santé, mais inefficace pour les animaux
🌍✔️ Passer d’une journée hebdomadaire végé pour tou·tes à deux journées végés dans les cantines scolaires est efficace pour l’environnement et la santé des élèves.
🐷➡️🥚 Toutefois, notre analyse des menus révèle que les cantines de ce type tendent alors à remplacer un repas carné à base de viande de cochon par un repas végé à base d’œufs, provenant souvent de poules élevées en cage. Or les repas à base d’œufs non plein air génèrent plus de souffrance que les plats à base de viande de cochon.
🐷➡️🐔 De même, la composition des repas non végés tend à changer avec l’introduction du deuxième jour végé. Les plats à base de viande de porc sont alors plus souvent remplacés par des plats à base de chair de plus petits animaux tels que le poulet.
❎ Verdict : porter cette revendication n’augmente pas la souffrance animale, mais elle ne la réduit pas non plus.
Généraliser l’option végé quotidienne dans les cantines scolaires à choix multiple : une campagne efficace, mais moins que prévu
⚖️ Contrairement aux cantines à menu unique, seuls 22% des plats végétariens des cantines scolaires proposant une option végé quotidienne sont à base d’œufs. De plus, puisque le repas végétarien est quotidien, il remplace de façon uniforme les différents types de viande et de poisson, et non spécifiquement le cochon comme c’était le cas plus haut.
🌱 Verdict : rendre obligatoire l’option végétarienne quotidienne en restauration scolaire aurait un effet robustement positif, mais moyen voire faible, sur la réduction de la souffrance animale. Pour illustrer, une option végé quotidienne généralisée en restauration scolaire à choix multiple réduirait autant la souffrance animale que si 0,9% + de poulets étaient élevés dans de meilleures conditions (ECC).
Effet de long terme de nos actions : les études scientifiques manquent à l’appel
👩👦👦 En plus de la souffrance animale réduite à court terme grâce à nos actions, notre théorie du changement repose également sur l’hypothèse que la végétalisation des assiettes de la restauration scolaire permettra de changer à long terme les habitudes alimentaires des jeunes. Interpellé·es par le différentiel d’impact entre nos campagnes universitaire et scolaire, nous avons voulu la valider scientifiquement.
👨🏫 Nous avons interrogé des scientifiques sur ce que la science nous dit de l’effet potentiel sur les habitudes alimentaires d’une offre alimentaire plus végétale dans les cantines sur les habitudes alimentaires. Des éléments indirects vont dans le sens de l’existence de cet effet, mais aucune étude ne s’y est intéressée spécifiquement.
🔎 Verdict : il nous semble d’autant plus important d’avoir des preuves solides attestant de l’importance des effets à court terme sur la réduction de la souffrance animale.
Le savoir, c’est le pouvoir, alors résumons
🚀💚 Nous avons la preuve que les actions d’Assiettes Végétales ont, grâce à ses donateurs et donatrices, efficacement réduit la souffrance animale en changeant les menus de la restauration universitaire. Nous considérons cette campagne aboutie avec les engagements du Cnous.
❓ D’un autre côté, les résultats de notre mesure d’impact nous ont fait revoir à la baisse l’efficacité de la campagne en restauration scolaire. Les effets de long terme sur les plus jeunes ne sont quant à eux pas encore prouvés scientifiquement.
➡️ Pour résumer, si l’impact de nos actions dans la restauration scolaire demeure positif pour les animaux, il ne l’est pas suffisamment selon nos critères.
👨⚖️ Notre travail de plaidoyer pour obtenir une loi rendant obligatoire l’option végétarienne quotidienne dans les cantines scolaires à choix multiple demeure positive pour les animaux et pourrait contribuer à réduire leur souffrance. Mais il y a peut-être encore mieux à faire pour eux.
Un labo estival pour faire le bien, toujours mieux
Que devrions-nous faire, sachant que notre campagne scolaire n’est pas aussi efficace que nous le pensions pour réduire la souffrance animale ?
Notre réponse : se remettre en question, ouvrir le champ des possibles et rechercher la meilleure campagne possible pour les animaux.
Guidée par l’objectif de maximiser son impact sur la réduction de la souffrance animale, Assiettes Végétales a donc lancé son « labo estival ». Pour nos recherches, nous utilisons la méthode de Charity Entrepreneurship, expliquée ici, et remercions Animal Ask de nous aider ponctuellement et bénévolement.
L’équipe des « laborantin·es » d’AV, composée de Keyvan, Marine et Cyril, a besoin de deux mois de travail entre juillet et août pour sélectionner la meilleure campagne possible pour les animaux.
Nous avons déjà identifié plus de 80 idées d’interventions, chacune fondée sur la compréhension la plus éclairée possible de son impact sur les animaux, mais aussi sa faisabilité.
Toute campagne identifiée comme potentiellement très efficace est analysée, de l’amélioration des conditions de pêche des poissons en France à celles d’élevage des poulets en Afrique du Nord, en passant par l’augmentation de l’offre en produits d’origine végétale dans la grande distribution et la poursuite de notre travail de plaidoyer « cantines végés ».
Le labo ne tournera pas sans vous
Notre association préfère la cohérence à la sécurité financière, mais ce choix a bien sûr des conséquences. Pour faire tourner le labo estival d’Assiettes Végétales, nous avons plus que jamais besoin de votre don.
👆 Comme vous pouvez le voir ici, un peu plus de la moitié du budget de notre projet estival est sécurisé grâce à la fondation Lemarchand, l’agence Infra via le 1% Pour la Planète et grâce à la générosité de nos donateurs et donatrices mensuel·les, si nous emportons leur adhésion bien sûr.
En comptant les financements acquis, il manque 5.000 € à notre labo estival pour assurer le meilleur avenir possible pour les animaux. Si vous adhérez à ce projet et le pouvez, nous avons cruellement besoin de votre soutien.
Note de bas de page : méthodologie pour estimer la réduction de la souffrance animale permise par nos actions, illustration avec la campagne de la restauration universitaire
Les restaurants universitaires français servent 35 millions de repas par an. Nous estimons qu’avant la décision du CROUS d’augmenter la part de repas végétariens, environ 15 % de ces repas étaient déjà végétariens.
Si 30 % des repas de la restauration universitaire passent à une option végétarienne, selon l’objectif du CNOUS à échéance 2025, nos calculs sur la composition des repas dans la restauration universitaire montrent que ce changement permettra d’épargner annuellement environ :
- 4,5 millions de jours de souffrance pour les saumons d’élevage (forte incertitude)
- 3,4 millions de jours de souffrance pour les poulets
- 0,7 million de jours de souffrance pour les dindes
- 0,6 million de jours de souffrance pour les vaches/veaux/agneaux
- 0,4 million de jours de souffrance pour les cochons.
Et cela ajoutera approximativement :
- 3,6 millions de jours de souffrance pour les poules pondeuses
- 0,1 million de jours de souffrance pour les vaches laitières.
Nous devons maintenant comprendre l’intensité de la souffrance pour ces différents animaux. Nous estimons que :
- Les saumons d’élevage souffrent en moyenne 3 fois moins que les poulets à croissance rapide (forte incertitude)
- Les poulets à croissance lente souffrent en moyenne 3 fois moins que les poulets à croissance rapide (résultat incertain, estimation réalisée en tenant compte des chiffres du Welfare Footprint Project, en faisant le choix arbitraire de considérer qu’une heure de “excruciating pain” ou douleur insoutenable = 20 heures de douleur invalidante = 300 heures de douleur nuisible = 3000 heures de douleur agaçante)
- Les dindes souffrent autant que les poulets à croissance rapide (incertitude)
- Les vaches/veaux/agneaux souffrent en moyenne 10 fois moins que les poulets à croissance rapide
- Les cochons souffrent en moyenne 3 fois moins que les poulets à croissance rapide (incertitude)
- Les poules élevées en plein air souffrent en moyenne 4,5 fois moins que les poulets à croissance rapide (incertitude, mais basé sur les chiffres du Welfare Footprint Project)
- Les vaches laitières souffrent en moyenne 8 fois moins que les poulets à croissance rapide.
De plus, nous considérons que :
- 80 % des poulets utilisés par le CROUS proviennent de races à croissance rapide.
- 100 % des œufs utilisés par le CROUS proviennent de poules élevées en plein air.
Nous suivons dès lors le calcul suivant :
4.5 * 0.33 + 3.4 * (0.8 * 1 + 0.2 * 0.33) + 0.7 * 1 + 0.6 * 0.1 + 0.4 * 0.33 – 3.6 * 0.22 – 0.1 * 0.125
= 4.5 millions de “jours de souffrance équivalent à la condition de poulet à croissance rapide pendant 1 jour” sont économisés chaque année si le CNOUS atteint son objectif de 30% de taux de prise quotidien pour l’option végétarienne.
Adaptons maintenant les résultats pour l’objectif de 50% de taux de prise quotidien pour l’option végétarienne :
Le résultat de 4,5 millions doit alors être multiplié par (50 – 15) / (30 – 15) = 2.33. Or, 4.5 * 2.33 = 10.5 millions de “jours de souffrance équivalent à la condition de poulet à croissance rapide pendant 1 jour” sont économisés chaque année si le CNOUS atteint son objectif de 50% de taux de prise quotidien pour l’option végétarienne.