Le combat pour donner un égal accès à des options végétales dans la restauration collective doit se faire à plusieurs niveaux. L’un d’entre eux : la politique nationale, pardi ! Assiettes Végétales avait donc interpellé les député·e·s dans le cadre du projet de la Loi Climat et résilience, afin de mettre la végétalisation de l’offre alimentaire des restaurants collectifs sur la table.
Et pour avoir le meilleur impact, nous avions joué collectif avec les autres membres de la commission inter-asso formée avec l’AVF, Greenpeace, Réseau Action Climat et L214. Nous avions émis plusieurs propositions d’amendements afin de mettre en œuvre une politique nationale permettant l’accès à une alimentation plus végétale pour toutes et tous.
Une réussite, car le 16 avril 2021, les député·e·s votaient trois avancées majeures dans le cadre du fameux article 59 :
- La loi EGAlim enfin gravée dans le marbre : les lycéen·ne· et collégien·ne·s continueront de bénéficier d’un menu végétarien hebdomadaire.
- Une option végétarienne quotidienne dans les restaurants collectifs à choix multiple sous la responsabilité de l’État, soit les CROUS (enfin !), les services administratifs de l’Etat, l’armée, les hôpitaux, les entreprises nationales ou encore les prisons.
- La formation des personnels de cuisine aux enjeux liés à l’alimentation végétale, pour l’environnement et la santé publique, qu’Assiettes Végétales avait encouragée.
Rendre le droit meilleur, et applicable !
En matière de législation comme ailleurs, le diable se cache souvent dans les détails. Pour résumer, plus un texte est flou, plus il laisse la place à l’interprétation, et ce qu’il en ressort dépend de l’opinion de celui ou celle qui interprète le texte.
Notre travail depuis le vote à l’Assemblée nationale : nous assurer que le Sénat et ses membres précisent le texte et aillent encore plus loin dans la végétalisation de l’offre alimentaire en restauration collective. Nous avons rencontré des sénateurs·trices, leur avons fourni des outils de compréhension des enjeux liés à l’alimentation végé, et leur avons fait des propositions d’amendements au texte de loi.
Résultat : Plus de 25 amendements émis par des sénateurs·trices de tous bords précisent le texte et proposent d’aller plus loin sur l’accès aux options végétariennes dans la restauration collective française ! De quoi il ressort de tout ça ?
Loi EGAlim : approfondissement
Un amendement du gouvernement propose de pérenniser la loi EGAlim pour les cantines du primaire.
Le sénateur Guerriau propose quant à lui d’augmenter la fréquence des plats végétariens d’une à deux fois par semaine. Le sénateur Bazin précise que les menus végétariens ne comportant « ni viande ni poisson » devraient être composés « le plus souvent de protéines végétales« . Il a raison ! Il faut bien augmenter la part de protéines végétales dans les plats.
Les collèges et lycées ne doivent pas être laissés de côté
C’était un gros point noir du texte approuvé par l’Assemblée nationale. En collèges et lycées, les élèves étaient les grands perdants malgré leur forte demande. En bref, en dehors du menu végétarien hebdomadaire, si vous étiez végé, mieux valait s’attendre à un déjeuner version tupperware, préparé par vos soins ou ceux de vos parents. Et oui, l’option végé restait à la discrétion des régions et départements…
Voilà qui serait une avancée de taille : le sénateur Bazin propose l’option sans viande ni poisson quotidienne, “le plus souvent composée de protéines végétales”, pour les cantines de collèges et lycées (publics et privés) à choix multiple !
Faciliter la vie des parents d’enfants en bas âge
Une petite pépite ! Deux amendements portés par les sénatrices Paoli-Gagin et Boulay-Espérionnier mettent le doigt sur l’offre alimentaire des cantines publiques / privées de crèches. La seconde propose une option sans viande ni poisson quotidienne, composée en majorité de protéines végétales. Pour les parents végés, cela signifierait que leurs bambins pourraient enfin profiter de la cantine !
Et pour les adultes ?
Les sénateurs Guerriau et Labbé précisent : quel que soit le type de restaurant collectif sous la responsabilité de l’État, en gestion directe ou par un prestataire de service (type service de restauration collective), l’option végé quotidienne, on y tient !
Pour le privé comme pour le public, les restaurants collectifs de plus de 200 couverts à l’année ou à choix multiple devront proposer une option sans viande ni poisson hebdomadaire (sénateur Labbé).
Une vraie formation pour les cuisinier·e·s
Nous étions ravi·e·s d’avoir pu faire entrer la formation des cuisinier·e·s dans la loi Climat, mais regrettions que la formation aux préparations culinaires végétales reste floue. Les professionnel·le·s apprendront pourquoi cuisiner végé, c’est bien. Et que fait-on du comment ? C’est essentiel si l’on souhaite proposer des plats goûteux et sains !
Eh bien si les amendements des sénateurs Benarroche et Bazin passent, ce sera chose faite ! Au menu des futures formations initiales et continues : l’apprentissage de la préparation des protéines végétales en plat principal, ainsi que des bases d’une assiette végétale saine.
Les professionnel·le·s de santé formé·e·s à l’alimentation végé(tale)
Les professionnel·le·s de la santé nous sont indispensables, nous conseillent sur notre santé, les bonnes pratiques alimentaires, voire nous nourrissent lors de nos passages dans leurs établissements. Rien de plus normal que tou·te·s soient formés aux bases de l’alimentation végétarienne, dont végétale, et de ses bienfaits (ils sont nombreux !).
Les sénateurs Féraud, Bazin et Benarroche proposent respectivement d’intégrer dans les référentiels de formations continues et initiales les atouts (environnement et santé) de la diversification des sources de protéines, de promouvoir cette diversification et de former les personnels de santé à la préparation des protéines végétales en plat principal.
Conclusion : rendez-vous fin juin pour le vote au Sénat !
Bravo aux sénateurs·trices qui vont dans le bon sens ! On aimerait beaucoup vous dire que tous ces amendements vont passer, mais ça, on ne le sait pas. Tout dépendra de nos sénateurs·trices, et en attendant, il s’agit justement de ne pas attendre.
Il faut plutôt faire remonter les besoins des citoyen·ne·s jusqu’aux oreilles de nos représentant·e·s. C’est ce que nous continuons de faire, et c’est ce que vous pouvez vous-mêmes faire en signant notre pétition !
Je signe