Ah ! La France ! Beau pays, mais parfois long à la détente. Saviez-vous que depuis 2017, les cantines et cafétérias publiques portugaises ont toutes l’obligation de servir une option 100% végétale quotidienne ? En France, la généralisation d’un repas (ne serait-ce que végétarien) dans la restauration collective publique demeure, elle, contestée.
Et pourtant, celle-ci a bien été votée par les citoyen·ne·s auteur·e·s de la Convention Citoyenne pour le Climat (proposition SN 1.1.6) ! En bref, la route est longue, c’est pourquoi nous avons voulu mobiliser les parlementaires français·e·s sur, notamment, deux enjeux : la formation des chef·fe·s et l’accès à une option végétale quotidienne dans les restaurants universitaires. Nous remercions celles et ceux qui agissent dans le bon sens.
Former les chef·fe·s
Les études formant les futur·e·s chef·fe·s de restaurant collectif ne préparent pas à cuisiner un menu végétal. Pas étonnant que les chef·fe·s se sentent souvent démuni·e·s et que certain·e·s peinent à considérer les alternatives végétales comme des options légitimes ! Car la cuisine végétale est comme tous les autres types de cuisine, elle s’apprend.
Nous avons proposé à des député·e·s et sénateurs-trices de publier des questions au gouvernement, et 9 ont répondu à l’appel. Premier enjeu : l’intégration dans le cursus de CAP et BEP cuisine d’un volet végétal. Second enjeu : un module consacré à l’équilibre alimentaire végétal dans les études de diététique. 13 questions ont été posées au gouvernement, soit au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et au ministère de l’Éducation nationale, jeunesse et sports.
Pour le moment, seul le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a répondu. Nous sommes ravi·e·s d’apprendre que pour le ministère, il n’y a aucun problème, ce dernier étant déjà « très attaché au développement de l’alimentation durable et à la promotion de ses grands principes auprès des étudiants. » Après ce rappel, le texte est long et technique, quoiqu’il ne réponde pas à la question de départ. En gros, les « préoccupations » des sénateurs-trices et député·e·s seront communiquées aux Commissions Pédagogiques Nationales, en charge de l’orientation des formations technologiques. Traduction : le ministère s’en lave les mains.
Des options végétales quotidiennes pour les restaurants universitaires
On le rappelle, 88 % des étudiant·e·s à l’université souhaiteraient voir une option végétale quotidienne à la carte de leur RU, quelles que soient leurs préférences alimentaires. Rien d’étonnant à cela, car les étudiant·e·s sont alertes sur les enjeux écologiques et souhaitent prendre soin de leur santé. Rappelons aussi que 20 % des étudiant·e·s de France vivent en-dessous du seuil de pauvreté : les restaurants universitaires sont donc le lieu rêvé pour tester de nouvelles saveurs, manger bien et sainement.
20 député·e·s et sénateurs-trices ont accepté de porter cet enjeu devant le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et l’Innovation. Dans leurs questions écrites, ils et elles expliquent notamment que “l’offre végétarienne des CROUS gagnerait à être principalement à base de protéines végétales, disponible quotidiennement dans tous leurs points de restauration, cuisinée avec soin, équilibrée et présentée par défaut aux usagers au lieu d’être une option”.
Cette fois-ci, le ministère répond que tout est déjà fait pour intégrer davantage de protéines végétales dans l’alimentation des étudiant·e·s, invalidant par là même les questions des parlementaires. Eh oui, les « lundis verts » et les options végétariennes seraient donc censées suffire. Sauf que, d’une, ils ne sont pas pratiqués uniformément sur le territoire, certains RU ne respectant pas ces principes. Deuxièmement, faute de connaissances de l’alimentation végétale, les options végétariennes n’ont parfois de « végétarienne » que le nom, ou encore se limitent à un plat de légumes.
Raviver la flamme au pays des Lumières
Aux ministères de L’Enseignement supérieur et de l’Éducation nationale : vous POUVEZ mieux faire. Plutôt que des réponses lacunaires qui évitent la question, pourquoi pas véritablement changer les choses quand les demandes sont si simples et légitimes ? Des formations à la cuisine végétale, pour que les plats proposés soient sains, équilibrés, diversifiés et goûteux. L’accès à une alimentation vraiment plus végétale, notamment dans les restaurants universitaires, pour répondre à la demande des étudiant·e·s.
Alors que la loi climat est sur la table, c’est le moment d’agir, non ? Quant à nous, pas question d’abandonner, d’autant que de plus en plus de député·e·s et sénateurs-trices se rallient à la cause de l’accès aux repas d’origine végétale.