Assiettes Végétales existe pour apporter un changement de grande ampleur à notre alimentation, par les menus de la restauration collective. Collectivement, nous proposons une solution efficace et réaliste pour lutter contre le dérèglement climatique et la crise écologique : végétaliser les assiettes de France.
Dans cet article, vous trouverez des données permettant de mieux comprendre les effets de l’élevage sur notre environnement et en quoi rendre notre alimentation plus végétale est une solution.
L’élevage est l’un principaux responsables du réchauffement climatique
À l’échelle mondiale, l’activité humaine est responsable de l’émission d’un peu plus de 50 gigatonnes de CO2 (équivalent CO2), dont 28% sont générées par l’agriculture. 63% des émissions générées par l’agriculture sont imputables à l’élevage seul, soit 17,5% des émissions totales (données de l’I4CE).
L’élevage émet des gaz à effet de serre de plusieurs façons : méthane dû à la fermentation entérique des ruminants, carbone libéré lors de la déforestation laissant place à des terres pour l’élevage et/ou l’alimentation animale, dioxyde d’azote NO2 lié aux déjections animales et à l’utilisation d’engrais azotés pour la production agricole servant à leur alimentation.
L’empreinte consommation correspond à l’empreinte carbone de la consommation des françaises et français. En France, elle serait de 666 mégatonnes équivalent CO2, dont 24% sont dus à l’alimentation. Selon l’institut spécialisé Carbone 4, le meilleur écogeste est la végétalisation de l’alimentation individuelle.
Les assiettes végétales pèsent beaucoup moins que les autres… en gaz à effet de serre
Les aliments n’ont pas le même poids écologique. Comment s’en rendre compte ? L’ADEME référence l’impact carbone des aliments crus. Ainsi, 100 g de bœuf cru génèrent 3,5 kg de CO2, 600 g pour le poisson ou encore 500 g pour le poulet et le fromage. En revanche, les noix et oléagineux ne pèsent que 130 g de CO2, 120 g pour les légumineuses et 27 g pour les fruits secs.
Logiquement, les assiettes n’ont pas non plus le même poids écologique. On peut estimer le poids carbone des assiettes proposées dans la restauration collective grâce au calculateur Eco-score de l’ADEME. Ainsi, dans les restaurants universitaires :
⇒ une assiette végétarienne émet 3 fois plus d’équivalent CO2 que l’assiette végétale ;
⇒ une assiette d’un plat à base de porc ou poulet émet 5 fois plus d’équivalent CO2 que l’assiette végétale ;
⇒ une assiette d’un plat à base de poisson émet 6 fois plus d’équivalent CO2 que l’assiette végétale ;
⇒ une assiette d’un plat à base de bœuf émet 20 fois plus d’équivalent CO2 que l’assiette végétale ;
Dans les cantines scolaires cette fois, Greenpeace a imaginé plusieurs scénarios en partant de l’hypothèse qu’un choix de menu végétarien serait proposé chaque jour.
Comment lire cette synthèse ?
Prenons le cas n°2 et la première ligne : « si 25 % des élèves choisissaient le menu végétarien quotidien, les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation dans les cantines scolaires diminueraient de 14 à 19 % ».
L’estimation basse ( 14% ) correspond à un menu végétarien comprenant des œufs et des produits laitiers tandis que l’estimation haute ( 19% ) correspond à un menu 100% végétal.
L’élevage est l’un des principaux responsables de la déforestation
Sur les 352 m² déforestés par un·e français·e moyen·ne, 206 m² (soit 58.5 %) sont dus à la consommation d’aliments animaux, dont 100 m² aux volailles de chair et pondeuses, 42 m² aux vaches de chair et laitières, et le reste pour les autres animaux « de consommation ».
Comment expliquer le lien entre la consommation de viande des françaises et des français et la déforestation ?
65% de la déforestation de la forêt amazonienne est causée par l’élevage bovin et les cultures servant à nourrir ces animaux d’élevage, d’après Greenpeace. De façon générale, en Amérique du Sud, le développement des cultures de soja à destination des animaux d’élevage provoque la disparition des forêts. Ce soja est ensuite utilisé en France pour nourrir nos animaux d’élevage, consommés par la suite sur le territoire national. En revanche, le soja de consommation humaine est majoritairement produit en France.
L’ADEME, encore une fois, nous fournit des éléments utiles sur la question. Ces trois visuels représentent la surface agricole annuelle occupée par un ou une français·e, selon son régime alimentaire.
La surface agricole mobilisée par an, de gauche à droite : 1300 m² par une personne végétalienne, 4300 m² par un français moyen (107 g de viande par jour), 6000 m² par une personne mangeant beaucoup de viande (170 g par jour).
Manger végétal permet d’économiser l’eau
Ici, nous ne prenons en compte que l’eau pompée dans les nappes phréatiques (“eau bleue”) et l’eau polluée par l’élevage (“eau grise”), non l’eau de pluie (“eau verte”).
Quels sont les aliments qui permettent d’économiser l’eau, ressource précieuse et de plus en plus rare ?
- Il faut utiliser 10 300 litres d’eau pour parvenir à 1 kg de protéines dans le cas du porc
- 7 300 L d’eau par kg de protéines de boeuf
- 6 100 L d’eau par kg de protéines de poulet
- 5 100 L d’eau par kg de protéines issues des céréales
- 4 100 L d’eau par kg de protéines issues de légumineuses
Cela signifie que produire des protéines de légumineuses utilise 60% moins d’eau que pour les protéines de porc. Notons là encore que le végétal est économe en ressources par rapport aux productions animales.
L’élevage est l’un des moteurs de la perte de biodiversité
L’élevage, par la pression d’occupation des sols qu’il exerce directement (pâturages) ou indirectement (cultures destinées à l’alimentation animale) sur les paysages, est identifié comme l’une des principales activités humaines responsables de la perte de biodiversité. Selon la FAO, à l’échelle mondiale, 33% des terres arables sont occupées par la production agricole destinée aux animaux d’élevage.
Au total, 70% des terres agricoles mondiales sont occupées pour les besoins de l’élevage, tandis que l’élevage ne représente que 17% des apports caloriques et 33% des apports protéiques de l’humanité.
« En effet, l’élevage pourrait être la première cause de la réduction de la biodiversité, puisqu’il est le principal moteur de la déforestation, ainsi que l’un des principaux moteurs de la dégradation des sols, de la pollution, du changement climatique, de la surpêche, de la sédimentation des zones côtières et de la facilitation de l’arrivée d’espèces invasives. »
indique le rapport de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).
Le contenu de nos assiettes définit notre niveau de sécurité alimentaire
“La sécurité alimentaire est un concept défini par l’accès de tous les individus d’une population à une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Ce concept intègre les notions de droit, justice et risque alimentaires. Dans une conception agroécologique, il implique de construire des systèmes alimentaires durables et résilients”, indique le dictionnaire de l’agroécologie.
En France, sur 38 mégatonnes de céréales produites et consommées chaque année, notre estimation est que 20 mégatonnes servent à nourrir les animaux d’élevage (calculs à partir de ces sources : 1, 2, 3). Il y a donc un problème dans la répartition de la production agricole.
Mais ce n’est pas tout. Des calories et protéines végétales qui auraient pu servir à nourrir les humains sont consommées par les animaux d’élevage qui nous les rendent sous forme de viande, de lait et d’œufs. Or, les animaux convertissent mal les protéines et calories.
Une étude menée par des chercheurs et chercheuses de l’INRA a montré qu’en France, les animaux restituent en moyenne autant de protéines animales qu’ils consomment de protéines végétales et nettement moins de calories animales qu’ils ne consomment de calories végétales.
Dans cette étude, un tableau permet de comprendre la mauvaise transformation des calories par les animaux d’élevage en France.
Regardons la colonne « ECec » : c’est l’efficience nette de conversion des calories consommables par les humains. Celle d’un bovin est de 0,15. Cela signifie qu’un bovin ne restitue que 0,15 calorie pour chaque calorie végétale consommable par l’homme qu’il a consommée. Ainsi, 85% des calories sont gâchées. Un poulet de chair, quant à lui, ne restitue que 0,31 calorie par calorie végétale qu’il a consommée.
On voit donc que la contribution de l’élevage à la sécurité alimentaire est négative.
Qu’en est-il du bio et du local ?
Contrairement au végétal, le bio ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre. Une vache élevée au bio n’en demeure pas moins une vache, générant bien plus de pollutions que les cultures végétales, bio ou non.
L’élevage est de loin le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre liées à notre alimentation, bien devant le gaspillage, le transport, la transformation et l’emballage. C’est pourquoi rendre l’alimentation plus végétale est le principal levier à notre disposition pour réduire des émissions liées à notre alimentation.
D’après ce rapport de l’I4CE :
- L’élevage représente 62% des émissions dues à notre alimentation;
- Le gaspillage représente 13% des émissions dues à notre alimentation;
- Le transport des produits alimentaires représente environ 6% des émissions dues à nôtre alimentation;
- La transformation et les emballages des produits alimentaires représentent environ 8% des émissions dues à nôtre alimentation;
- Le bio a un effet faible à nul sur la réduction des émissions liées à notre alimentation, bien qu’il ait d’autres avantages réels sur notre environnement.
Il ne s’agit pas de dire que le bio n’est pas important. Le bio a en effet d’autres intérêts que la réduction des gaz à effet de serre.
D’ailleurs, selon cette étude, il est “possible de convertir toutes les terres arables en agriculture biologique, tout en réduisant les émissions de GES (de l’ordre de – 30%) et en assurant la sécurité alimentaire, sous réserve de réduire en même temps de moitié à la fois le gaspillage alimentaire et la compétition entre alimentation animale et humaine”. Ceci impliquerait une “substitution des protéines animales par les protéines végétales, et l’adoption de pratiques visant à réduire le gaspillage alimentaire”.
C’est-à-dire que pour passer au bio, il faudra passer à une alimentation plus végétale.